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CONTE POUR ENFANTS

La belle au bois dormant

Dans un pays lointain
un roi et une reine
attendirent longtemps
avant d'avoir un enfant ...



CONTE DE CHARLES PERRAULT POUR ENFANTS


   
LA BELLE AU BOIS DORMANT
Il était une fois, dans un pays lointain un roi et une reine qui avaient attendu longtemps avant d'avoir un enfant. Enfin la reine accoucha d'une fille prénommée Aurore : on fit un beau baptême. On donna pour marraines à la petite princesse toutes les fées qu'on pût trouver dans le pays, afin que chacune d'elles lui faisant un don. La première lui donna la beauté, la seconde, la grâce, la suivante, la bonté, une autre, l'intelligence ....

Seulement, le roi et la reine avaient oublier d'inviter une fée. Celle-ci apparut soudain, furieuse. C'était une vieille fée très méchante. La vieille crut qu'on la méprisait, et grommela quelques menaces entre ses dents. Elle se précipita vers le berceau et dit en branlant la tête, encore plus de dépit que de vieillesse, que le jour de son seizième anniversaire, la princesse se percerait la main d'un fuseau, et qu'elle en mourrait. Ensuite, la méchante fée disparut en ricanant.

Ce terrible don fit frémir toute la compagnie, et il n'y eut personne qui ne pleurât. Dans ce moment une jeune fée sortit de derrière la tapisserie, et dit tout haut ces paroles: Rassurez-vous, roi et reine, votre fille n'en mourra pas: il est vrai que je n'ai pas assez de puissance pour défaire entièrement ce que mon ancienne a fait. La princesse se percera la main d'un fuseau; mais au lieu d'en mourir, elle tombera seulement dans un profond sommeil qui durera cent ans, au bout desquels le fils d'un roi viendra la réveiller.

Le roi, pour tâcher d'éviter le malheur annoncé par la vieille, fit détruire tous les rouets se trouvant dans son royaume. Mais en vain ... Ce qui devait arriver arriva. La jeune princesse courant un jour dans le château, et montant de chambre en chambre, alla jusqu'au haut d'un donjon dans un petit galetas, où une bonne vieille était seule à filer sa quenouille. Cette bonne femme n'avait point entendu parler des défenses que le roi avait faites de filer au fuseau. - Que faites-vous là, ma bonne femme ?" dit la princesse. - Je file, ma belle enfant lui répondit la vieille qui ne la connaissait pas. - Ha! que cela est joli reprit la princesse, comment faites-vous ? Donnez-moi que je voie si j'en ferais bien autant. Elle n'eut pas plus tôt pris le fuseau, que comme elle était fort vive, un peu étourdie, et que d'ailleurs l'arrêt des fées l'ordonnait ainsi, elle s'en perça la main, et tomba évanouie. Le roi, la reine, les gardes, les domestiques s'endormirent à leur tour.

Au bout de cent ans, le fils du roi qui régnait alors, et qui était d'une autre famille que la princesse endormie, étant allé à la chasse de ce côté-là, demanda ce que c'était que ces tours qu'il voyait au-dessus d'un grand bois fort épais. Intrigué, le prince décida d'aller y jeter un coup d'oeil. A peine s'avança-t-il vers le bois, que tous ces grands arbres, ces ronces et ces épines s'écartèrent d'eux-mêmes pour le laisser passer: il marche vers le château qu'il voyait au bout d'une grande avenue où il entra, et ce qui le surprit un peu, il vit que personne de ses gens ne l'avait pu suivre, parce que les arbres s'étaient rapprochés dès qu'il avait été passé.

Il continua donc son chemin, entra dans une grande avant-cour et y trouva des corps étendus d'hommes et d'animaux, qui paraissaient morts. Il s'aperçut bien vite que ceux-ci étaient seulement endormis. Il passe une grande cour pavée de marbre, il monte l'escalier, il entre dans la salle des gardes qui étaient rangés en haie, l'arme sur l'épaule, et ronflants de leur mieux. Il traverse plusieurs chambres pleines de gentilshommes et de dames, dormant tous, les uns debout, les autres assis; il entre dans une chambre toute dorée, et il vit sur un lit, dont les rideaux étaient ouverts de tous côtés, le plus beau spectacle qu'il eût jamais vu: une princesse qui paraissait avoir quinze ou seize ans, et dont l'éclat resplendissant avait quelque chose de lumineux et de divin. Il s'approcha en tremblant et en admirant, et se mit à genoux auprès d'elle et lui donna un baiser et, aussitôt, la jeune fille ouvrit les yeux. - Est-ce vous, mon prince ? Lui dit-elle, vous vous êtes bien fait attendre. Et ils tombèrent instantanément amoureux l'un de l'autre.

Cependant tout le palais s'était réveillé avec la princesse. Le roi et la reine furent fous de joie de retrouver leur fille. La malédiction était enfin terminée. Le roi organisa alors dans son château la plus grande fête jamais célébrée en lhonneur du mariage de sa fille avec le prince. La princesse et son prince charmant vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.
- Charles Perrault (1628-1703) -

 

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