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CONTE POUR ENFANTS

Cendrillon

La jolie Cendrillon
accueille à bras ouverts
sa nouvelle belle-mère
et les filles de celle-ci ...



CONTE DE CHARLES PERRAULT POUR ENFANTS


   
CENDRILLON
Il était une fois une belle et gentille fille qui, malheureusement, avait perdu sa maman. Son père épousa en secondes noces une femme, la plus hautaine et la plus fière qu'on eût jamais vue. Elle avait deux filles : Anastasie et Javotte, toutes deux aussi méchantes que leur mère.

Toutes les trois considéraient la gentille fille comme leur servante et lui faisait accomplir toutes les tâches de la maison: c'était elle qui nettoyait la vaisselle et les montées, qui frottait la chambre de madame, et celles de mesdemoiselles ses filles. Lorsqu'elle avait fini sa journée, elle s'en allait au coin de la cheminée, et s'asseoir dans les cendres. C'est pour celà que ses deux demi-soeurs l'appelèrent Cendrillon.

Un jour, un messager arriva de la cour du roi. Il parcourait le pays pour inviter les jeunes filles au bal donné par le prince pour choisir sa fiancée. Il y invita toutes les personnes de qualité : nos deux demoiselles en furent aussi invitées, car elles faisaient grande figure dans le pays. Les voilà bien aises et bien occupées à choisir les habits et les coiffures qui leur iraient le mieux. Quelle robe vais-je mettre ? s'inquiètait Javotte. Et moi quels souliers ? Ceux-là, ceux-ci dit Anastasie. De quel collier vais-je me parer ? rajouta la belle-mère. Cendrillon les conseilla le mieux du monde, et s'offrit même à les coiffer. Cendrillon savait que sa belle-mère ne voulait pas d'elle au bal et de toute façon n'avait aucun habits à se mettre.

Enfin l'heureux jour arriva, Cendrillon, le coeur serré, regarda sa belle-mère et ses soeurs s'éloigner. Lorsqu'elle ne les vit plus, elle se mit à pleurer. Sa marraine, qui la vit toute en pleurs, lui demanda ce qu'elle avait : - Je voudrais bien ... je voudrais bien ... Elle pleurait si fort qu'elle ne put achever. Sa marraine, qui était fée, lui dit: - Tu voudrais bien aller au bal, n'est-ce pas ? - Hélas oui dit Cendrillon en soupirant. - Hé bien, seras-tu bonne fille ? dit sa marraine, je t'y ferai aller. Elle la mena dans sa chambre, et lui dit : - Va dans le jardin et apporte-moi une grosse citrouille, quelques souris, un rat et deux lézards. Cendrillon s'exécuta sans comprendre.

Sa marraine frappa la citrouille de sa baguette, et la citrouille fut aussitôt changée en un beau carrosse tout doré. Les souris en magnifiques chevaux blancs, le rat en cocher et les lézards en laquais. La fée dit alors à Cendrillon : - Hé bien, voilà de quoi aller au bal, n'es-tu pas bien aise ? - Oui, mais est-ce que j'irai comme ça avec mes vilains habits ? Ne t'inquiète pas dit la fée. Et d'un coup de baguette magique, elle transforma les vieux vêtements de Cendrillon en une robe somptueuse. Elle lui donna ensuite une paire de pantoufles de verre, les plus jolies du monde. Mais sa marraine lui recommanda instamment de ne pas dépasser minuit car l'effet de magie s'arrêtera dès minuit et de ne pas oublier de rentrer un peu avant minuit. C'est comprit dit Cendrillon.

Elle part, ne se sentant pas de joie. Le fils du roi, qu'on alla avertir qu'il venait d'arriver une grande princesse qu'on ne connaissait point, courut la recevoir; il lui donna la main à la descente du carrosse, et la mena dans la salle où était la compagnie. Il se fit alors un grand silence, on cessa de danser, et les violons ne jouèrent plus, tant on était attentif à contempler les grandes beautés de cette inconnue. On n'entendait qu'un bruit confus: Qui est-elle ? Quelle beauté, quelle grâce ! D'où vient-elle ? Même ses soeurs ne la reconnurent pas. Le fils du roi la mit à la place d'honneur, et ensuite la prit pour la mener danser : elle dansa avec tant de grâce, qu'on l'admira encore davantage. Cendrillon s'amusait tellement qu'elle en oublia l'heure.

Tout à coup elle entendit sonner le premier coup de minuit, elle se leva et s'enfuit aussi légèrement qu'aurait fait une biche. Le prince la suivit, mais il ne put l'attraper, elle laissa tomber une de ses pantoufles de verre, que le prince ramassa bien soigneusement. Cendrillon arriva chez elle bien essoufflée, sans carrosse, sans laquais, et avec ses méchants habits, rien ne lui étant resté de toute sa magnificence qu'une de ses petites pantoufles, la pareille de celle qu'elle avait laissée tomber.

Le fils du roi fit publier à son de trompe qu'il épouserait celle dont le pied serait bien juste à la pantoufle. On commença à l'essayer aux princesses, ensuite aux duchesses, et à toute la cour, mais inutilement. On la porta chez les deux soeurs, qui firent tout leur possible pour faire entrer leur pied dans la pantoufle, mais elles ne purent en venir à bout. C'est alors qu'arriva Cendrillon. - Et moi, puis-je l'essayer ? Ses soeurs se mirent à rire et à se moquer d'elle. Le gentilhomme qui faisait l'essai de la pantoufle, ayant regardé attentivement Cendrillon, et la trouvant fort belle, dit que cela était juste, et qu'il avait ordre de l'essayer à toutes les filles. Il fit asseoir Cendrillon, et approchant la pantoufle de son petit pied, il vit qu'elle y entrait sans peine, et qu'elle y était juste comme de cire.

L'étonnement des deux soeurs fut grand, mais plus grand encore quand Cendrillon tira de sa poche l'autre petite pantoufle qu'elle mit à son pied. Là-dessus arriva la marraine qui, ayant donné un coup de sa baguette sur les habits de Cendrillon, les fit devenir encore plus magnifiques que tous les autres. Alors ses deux soeurs la reconnurent pour la belle dame qu'elles avaient vue au bal. Elles se jetèrent à ses pieds pour lui demander pardon de tous les mauvais traitements qu'elles lui avaient fait souffrir. Cendrillon les releva, et leur dit, en les embrassant, qu'elle leur pardonnait de bon coeur, et qu'elle les priait de l'aimer bien toujours. On la mena chez le jeune prince, parée comme elle était: il la trouva encore plus belle que jamais, et peu de jours après il l'épousa. Cendrillon, qui était aussi bonne que belle, fit loger ses deux soeurs au palais, et les maria dès le jour même à deux grands seigneurs de la cour.

- Charles Perrault (1628-1703) -

 

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