- LES FÉES
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Il était une fois une veuve qui avait deux filles : l’aînée ressemblant à sa mère était si désagréable et si orgueilleuse, qu’on ne pouvait vivre avec elle. La cadette, qui était le vrai portrait de son père pour la douceur et l’honnêteté, était avec cela une des plus belles filles qu’on eût su voir. Comme on aime naturellement son semblable, cette mère était folle de sa fille aînée, et, en même temps avait une aversion effroyable pour la cadette. Elle la faisait manger à la cuisine et travailler sans cesse.
Un jour qu’elle allait chercher de l’eau à une fontaine éloignée, il vint à elle une pauvre femme qui lui pria de lui donner à boire. La jeune fille sans hésiter et avec beaucoup de bienveillance lui donna de l’eau.
La bonne femme qui était une fée, ayant bu, lui dit : Vous êtes si belle, si bonne et si honnête, que je ne puis m’empêcher de vous faire un don. Je vous donne pour don, poursuivit la fée, qu’à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou une fleur ou une pierre précieuse.
Devant un tel prodige sa mère décide d’envoyer à la fontaine sa fille aînée.
Elle y alla, mais toujours en grondant. Elle prit le plus beau flacon d’argent qui fut au logis. Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine, qu’elle vit sortir du bois une dame magnifiquement vêtue, qui vint lui demander à boire. C’était la même fée qui avait apparu à sa soeur.
- Est-ce que je suis ici venue, lui dit cette brutale orgueilleuse, pour vous donner à boire ? Justement j’ai apporté un flacon d’argent tout exprès pour donner à boire à Madame ! J’en suis d’avis : buvez à même si vous voulez.
Pour la punir elle lui jette un sort et transforme toutes ses paroles en crapauds et autres vipères.
La mère est horrifiée, se mit à crier !
C’est sa soeur qui est en cause : elle me le paiera et aussitôt elle courut pour la battre. La pauvre enfant s’enfuit et alla se sauver dans la forêt prochaine.
Le fils du roi, qui revenait de la chasse, la rencontra et lui demanda ce qu’elle faisait là toute seule. Elle se mit alors à pleurer et lui conta alors toute son aventure.
Le jeune et beau prince en devint amoureux et l’épousa.
Quant à la fille aînée, elle se fit tant haïr, que sa propre mère la chassa de chez elle et la malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui voulut la recevoir, alla mourir au coin d’un bois.
- - Charles Perrault (1628-1703) -
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