- LA PETITE POUCETTE
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Il y avait une fois, une femme qui ne parvenait pas à avoir d'enfant. Désespérée, elle alla donc trouver une vieille sorcière qui lui donna une graine d’orge magique.
La jeune femme rentra chez elle, planta le grain d'orge, et aussitôt poussa une grande fleur magnifique.
Tout à coup, la fleur s'ouvrit et au centre de cette jolie fleur apparut alors une minuscule petite fille, fine et ravissante, pas plus haute qu’un pouce qu’elle appela Poucette.
La maman lui confectionna un berceau dans une coquille de noix laquée, des pétales bleus de violettes furent ses matelas, et des pétales de roses son édredon.
La journée Poucette s'amusait à raconter des histoires et chantait d'une voix mélodieuse. Mais le temps passait et Poucette ne grandissait toujours pas.
Une nuit qu'elle était couchée dans son délicieux lit, arriva un vilain crapaud qui sauta par la fenêtre, s'empara de la coque de noix où Poucette dormait, et, enleva Poucette pour la marier à son fils.
Le lendemain, la pauvre petite mignonne se réveilla au milieu d'un étang, couchée sur une feuille de nénuphar.
Elle se mit à pleurer amèrement, car il y avait de l'eau de tous les côtés autour de la grande feuille verte, elle ne pouvait pas de tout aller à terre.
Attirés par les sanglots, les poissons qui nageaient dans l'eau sortirent la tête de l'eau, ils voulaient voir la petite fille.
- Je vous en prie, aidez-moi ! cria Poucette.
Elle s’échappa grâce à un joli petit papillon blanc qui décidait de l'aider. Il prit le bout de la tige entre ses pattes et remorqua la feuille de nénuphar vers le rivage, mais un hanneton la fit prisonnière avant de l’abandonner au pied d’un arbre.
La petite Poucette se retrouva seule, en pleine nature où elle passa l'été et l'automne à survivre. Mais bientôt l'hiver arriva.
Poucette avait très froid et ne pouvait plus se nourrir. Un jour, elle aperçut une maison puis elle arriva ainsi à la porte de la souris des champs.
- Tu peux bien rester chez moi cet hiver, mais il faudra tenir ma chambre tout à fait propre et me conter des histoires, car je les aime beaucoup dit la gentille souris.
Et Poucette fit ce que demandait la bonne vieille souris, et vécut parfaitement.
L’hiver passa, Poucette et la souris se lièrent d’amitié. Quelques mois plus tard, la souris lui suggéra d’épouser le voisin, une taupe.
- Monsieur Taupe est très bon, très riche et très instruit, c'est une grande chance pour toi de pouvoir te marier avec lui ! dit la souris.
Mais Poucette n'avait aucune envie d'épouser monsieur taupe.
Un jour, Monsieur Taupe invita Poucette et la souris à visiter les galeries de sa demeure.
La souris et Poucette pouvaient s'y promener tant qu'elles voudraient. Tout à coup, dans une des galeries, ils aperçurent une hirondelle morte de froid qui gisait par terre.
Poucette en eut de la peine et la taupe donna un coup de ses courtes pattes à l'hirondelle, et dit :
- Oh ce n'est qu'une hirondelle morte de faim, c'est pas grave !
Poucette ne dit rien, mais lorsque les deux autres eurent tourné le dos à l'oiseau, elle se baissa, posa sa tête sur la poitrine de l'oiseau et entendit les battements de son coeur.
L'oiseau n'était pas mort, il était engourdi, et la chaleur l'avait réanimé.
Tout l'hiver Poucette cacha l'oiseau, lui apportait à boire et à manger. Elle continua ainsi jusqu'à ce que l'hirondelle fût guérie.
Dès que vint le printemps et que le soleil réchauffa la terre, l'hirondelle dit adieu à Poucette et s'envola.
Monsieur Taupe insistait de plus en plus pour épouser Poucette mais elle ne voulait pas passer sa vie avec lui.
Elle voulait voir le ciel et le soleil, courir dans les champs et sentir le parfum des fleurs.
Mais Poucette dégoûtée refusa le mariage et s’enfuit. C’est à ce moment là qu’elle retrouva l’hirondelle qu’elle avait soignée.
Sans aucune hésitation, la petite Poucette monta sur le dos de l'hirondelle et elles s'envolèrent aussitôt, très loin, jusqu’à un champ de fleurs.
L'hirondelle déposa Poucette sur l'une des larges pétales, mais quelle surprise fut celle de la petite fille ! Un petit homme était assis au milieu de la fleur, il avait sur la tête une belle couronne d'or et aux épaules de jolies ailes claires, et il n'était pas plus grand que Poucette.
Dans chaque fleur habitait un pareil ange, homme ou femme, mais celui-là était le roi de tous.
Le roi prit sur sa tête sa couronne d'or qu'il plaça sur la sienne, lui demanda comment elle s'appelait et si elle voulait être sa femme, elle serait ainsi la reine de toutes les fleurs !
Les deux êtres se marièrent. En cadeau de noces, la Petite Poucette se vit offrir des ailes pour accompagner son mari lors de ses voyages de fleurs en fleurs : elle devint alors Maia, princesse des êtres des fleurs.
- - Hans Christian Andersen (1805-1875) -
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